Cette huitième journée marquait notre arrêt en Estonie, ce nouveau pays créé en 1991 lorsque l'Union Soviétique s'est désintégrée et les républiques baltes, comme l'Estonie, ont gagné leur indépendance.
Nous avions opté pour une visite guidée pour découvrir en détail la ville de Tallinn, la capitale de l'Estonie. Nous ne l'avons pas regretté.
La guide était une fière patriote, qui a vécu la période soviétique et la révolution vers l'indépendance. Cette perspective lui permet de nous donner une toute autre appréciation de Tallinn et de l'Estonie en générale.
À travers cette visite de l'ancienne "Haute ville" de Tallinn et de l'ancien palais présidentiel, le palais Kadriorg, nous avons aussi découvert l'histoire de ce peuple et l'intense fierté qui les habite d'être finalement indépendants et libres.
Tallinn est une ancienne cité médiévale et un autre "World heritage site" de l'UNESCO (il y a en plusieurs sur cette croisière). La ville est merveilleusement conservée et ses fortifications presque millénaire (la ville fut fondée en 1154) sont quasi intactes. Il s'agit en fait réellement d'un musée à ciel ouvert.
La visite a débuté à la Cathédrale Alexander Nevsky, une Église orthodoxe russe, très similaire à ce que l'on va découvrir à St-Petersburg demain. La guide explique que cette Cathédrale est plus récente, datant du 19e siècle, et marque la période où les tsars de Russie dominaient l'Estonie. D'ailleurs, l'Estonie n'a jamais vraiment été libre avant le 20e siècle. Elle fut sous la domination des danois, des suédois, des allemands, des finlandais et des russes. Elle n'a connu que deux courtes périodes d'indépendance complète: d'abord entre 1918 et 1940, puis depuis 1991 à aujourd'hui. Donc, 2014 marque la plus longue période d'indépendance de l'Estonie.
Il n'était pas permis de prendre des photos à l'intérieur, mais honnêtement, il n'y avait rien de spécial. Une église sombre, avec beaucoup d'images icôniques et de dorure.
Nous sommes ensuite allé visiter une deuxième église, beaucoup plus ancienne (15e siècle), la Cathédrale de Ste-Marie.
L'élément distinctif de cette église est sa murale d'armoiries en bois. Les dignitaires d'Estonie étaient entérrés sous le sol de l'église et en guise de commémoration, leurs armoiries étaient affichées sur les murs. C'est la plus grande collection d'armoiries en Europe.
Nous avons ensuite déambulé dans les rues de la ville fortifiée. Une odeur de cannelle flottait dans l'air et notre nez nous a conduit aux vendeurs d'amandes grillées à la cannelle, une spécialité de Tallinn. La guide nous a conduit à quelques points panoramiques qui nous donnaient une vue prenante sur la basse ville et même notre navire au loin!
La guide nous a ensuite conduit vers l'ancien palais présidentiel. C'est là qu'elle nous raconté la fin de leur courte indépendance en 1940.
Pendant la deuxième guerre mondaile, les russes envahient leur pays et ont tué tous les chefs militaires et politiciens estoniens. Cependant, pour une raison inexpliquée, ils ont décidé d'emprisonner le président et sa famille. Les adultes ont été envoyés en Russie dans une obscure prison et les enfants dans des orphelinats gouvernementaux de Russie, où on peut imaginer les piètres conditions de vie. Le président a passé 16 ans en prison, pour y décéder en 1956. Il a été ensuite enterré dans une tombe anonyme.
En 1990, au début de la révolution soviétique, les Estoniens ont obtenu l'autorisation du gouvernement de l'URSS de faire des recherches pour trouver l'endroit où le président a été enterré. Ils ont finalement retrouvé sa dépouille et l'ont rapatrié en Estonie. Les célébrations de funérailles ont eu lieu à Tallinn pendant une journée complète. Le cercueil a passé devant tous les sites significatifs du défunt président, dont le palais présidentiel que l'on visitait et la banque où il a travaillé avant de devenir président. Par la suite, tard dans la soirée, la procession d'Estoniens, torches à la main, ont conduit la dépouille du président vers le cimétière national. Leur héro national était finalement de retour chez lui.
La guide avait la gorge serrée en terminant son histoire et je dois admettre que j'ai été quelque peu ému d'entendre ce récit. J'ai alors compris que ce pays n'avait rien en commun avec les Russes qui les ont occupé pendant tant d'années. Je pouvais aussi comprendre la fierté qu'elle dégageait à savoir son pays finalement libre et indépendant. Des centaines d'années d'oppression d'un conquéreur ou un autre pour être finalement libre de sa destinée en 1991.
J'ai aussi compris que ces visites guidées sont des cris du coeur pour les Estoniens. Leur façon de nous dire: nous existons!
Aux premiers jeux Olympiques où l'Estonie était un pays indépendant en 1992, leur magnifique drapeau bleu, noir et banc a été hissé pour la première fois... à l'envers. On ne peut que sourire et penser que ce pays n'en n'aura pas de facile.
Pour ma part, je ne verrais plus jamais de la même façon ce drapeau et ce pays. SI vous avez une chance, allez visiter ce beau pays et encouragez ce jeune peuple par votre tourisme.
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