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Jour 5- Kauai, là où il fait bon vivre

Cette cinquième journée en était une de transition. Nous avons quitté le royaume des volcans de l'ile d'Hawaii pour nous diriger vers l'ile la plus au nord, Kauai.

Nous avons profité de l'attente dans le petit café de l'aéroport pour faire un skype avec ma fille et ma belle-mère Chantal à la maison. C'est assez surprenant comment la technologie a changé l'expérience de voyage. Il n'y a que cinq ans, nous sommes allés en Italie pendant une quinzaine de jours et nous avons été complètement déconnectés de la famille, des amis et du Québec. Aujourd'hui, on publie nos photos en direct, on laisse des blogues quotidiens et on peut faire un vidéo chat dans l'aéroport en attendant l'avion.

À notre arrivée à Kauai, nous avons d'abord upgradé notre voiture. Cette ile est reconnue pour ses grandes montagnes tropicales, ses sentiers et ses plages. Notre agent de voyage nous avait réservé une Avéo de Chevrolet. J'espère ne pas insulter un propriétaire, mais cette petite crotte de char n'est vraiment pas adaptée pour nos activités. Anyway, je ne suis pas certain que je rentre dedans. On a donc réussi à avoir un Jeep Liberty. Ça, c'est un char!

De là, direction nord vers notre B&B. Premier arrêt, de la bouffe! Notre guide bleu (une vrai bible si vous venez à Hawaii), nous suggère Duane's Ono Char-Burger. Un autre endroit légendaire, qui a gagné le prix du meilleur burger pendant plusieurs années. Le petit shack sur le bord de la route déborde de voitures garées ici et là. Je parle ici d'au-dessus de 25 voitures! Pour un shack à patate sur le bord de l'autoroute, c'est assez impressionnant.

On arrive à la petite fenêtre et une dame, probablement dans la soixantaine, nous attend avec un immense sourire. Ses cheveux sels et poivre attachés en queue de cheval, ses traits métis, sa peau un peu durcie par le soleil et ses yeux bleus perçants nous rendent immédiatement à l'aise. Cette dame n'est pas pressée et elle est heureuse de nous servir. Je commande deux burgers et deux frittes. La dame me dit :

- « It will be 30 minutes, honey, do you mind? »

Trente minutes pour un burger! Wow! Je lui réponds que non, ça ne me dérange pas, je suis en vacances. Pas pressé. Elle me lance un autre de ses sourires et va accrocher son papier sur le carrousel dans la cuisine, derrière une longue file de d'autres de ces papiers.

Nath va nous prendre une table sur la petite terrasse improvisée et je me recule pour faire la place à d'autres. Accoté sur le comptoir devant la fenêtre, j'écoute les gens et cette intrigante dame. Certains locaux arrivent à la fenêtre et ramassent une boite déjà prête. J'imagine qu'ils ont appelé. Je n'ai aucune idée comment, car je ne vois que cette dame prendre des commandes sans arrêt et deux jeunes hommes dans le fond de la cuisine qui prépare la bouffe. Ils n'ont aucun stress dans leurs mouvements. C'est un burger derrière l'autre et les gens recevront leur commande quand elle sera prête. Pas de petit cadran qui mesure le temps d'attente, pas de calcul de productivité. When it's ready, it will be ready.

La dame lance une conversation avec une cliente asiatique qui se présente à la fenêtre. La cliente lui dit que sa fille est en visite et elle tenait à lui faire découvrir ce resto. À travers la conversation, la dame au comptoir explique que son fils travail avec elle au resto, mais que son autre fils est maintenant en Oregon. Les Américains sont tellement mobiles, comparés à nous, qui sommes si sédentaires.

Je visualise donc cette dame qui a décidé de se payer comme job de retraite (à son look, elle devait être surf girl toute sa vie) un petit shack à burger sur le bord de la route. Ses jours sont simples, elle jase avec les touristes, prend des nouvelles de ses amis qui viennent régulièrement ramasser leur commande et servir des burgers quand ils sont prêts. La vie est simple, le temps est lent. Pendant ce trente minutes à la fenêtre, j'ai vécu au rythme de Kauai.

De retour sur la route, nous avons arrêté à quelques points d'observation pour admirer les superbes paysages. Nous avons aussi pris quelques clichés du Wai'ale'ale, la montagne principale de l'ile qui est en fait ce qu'il reste du volcan qui a créé l'ile. Cette montagne erodée s'élève à un peu plus de 5000 pieds. Pour ceux qui pensent qu'il pleut à Montréal, au sommet de cette montagne, il tombe 480 pouces (oui, pouces) de plus par année. C'est 12 mètres de pluie par année, 30 mm de pluie tous les jours. À chaque ondée, des chutes se forment partout sur ses flancs et crée un spectacle féérique. La photo d'hier ne rend pas justice à sa beauté. Nous allons tenter de prendre de meilleurs clichés cette semaine.

Nous avons traversé la ville de Hanalei, un vrai de vrai beach town. Les commerces sont de mignons petits shacks qui bordent la route de part et d'autre. Tout est bien entretenu et propre, mais simple et fonctionnel. Pas de grosses boutiques, pas de vitrines extravagantes. Des commerces fonctionnels.

Un peu passé la ville, on traverse quelques ponts à une voie, où c'est chacun son tour. Quelques voitures passent d'un bord, puis laisse passer les voitures de l'autre bord. Imaginez-vous ça au Québec avec notre courtoisie légendaire.

On arrive à notre B&B (HALE HO’O MAHA B&B) qui est suspendu sur des pylônes de bétons. Les voitures se garent sous la maison et on prend un escalier pour se rendre aux 4 chambres. Une cinquième unité est réservée aux deux propriétaires du B&B : Toby et Kirby, un joli couple dans la soixantaine.

Toby nous accueille à notre descente du jeep. Tout détendu, il commence par nous présenter son perroquet « Pretty girl », une femelle alpha qui arrache les doigts de n'importe quelle femme qui l'approche. Il me dit que si j'ai une once d’A.D.N. de femme, ce perroquet va le savoir. Puis, il passe une dizaine de minutes à raconter l'histoire de comment il s'est ramassé avec cet oiseau. Une histoire complexe de dette, d'un gars qui a quitté sa femme et s'est sauvé en Chine pendant un an, laissant l'oiseau à Toby. Il est revenu marié avec une Chinoise riche, est revenu rembourser ses dettes avec l'argent de sa nouvelle femme et lorsqu'il a voulu récupérer son oiseau, l'animal a pincé un bout de doigt de sa nouvelle richissime femme. L'oiseau est donc resté.

Ensuite, il nous explique longuement comment fonctionnel le spa. Puis, il nous montre l'ascenseur qui montre à l'étage. L'escalier est étroit avec beaucoup de tournants, il y a donc une cage d'ascenseur pour monter les bagages. À l'étage, il nous montre notre magnifique chambre et nous expliquer qu'il n'y a pas de serrure ici. Pas à l'entrée, pas dans les chambres. Il n'y a simplement pas de voleurs.

On est vraiment loin du Québec ici.

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