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Sur la route des Incas - Jour 2 et 3 - Le canyon de Colca

Jour 2

4h32, j'ouvre les yeux. 3 minutes avant que mon téléphone sonne le début de jour. Il fait encore noir. Ici, le soleil se lève à 6h00 et se couche a 18h30. Nos bagages étaient déjà préparés. On s'habille, on se brosse les dents et 5h00 pile, on est en bas. Manuel, notre chauffeur nous attends déjà. On tire nos valises dans les rues d'Arequipa, le bruit des roues est comme un train qui passe au milieu de la nuit. On tourne le coin et la voiture est là. A côté, on aperçoit Marcos, notre guide. Les mains sont serrées, les présentations sont faites, les bagages sont chargés. 5h07, on est parti. Pas de niaisage.

On frappe une étrange d'heure de pointe pour sortir de la ville. Des dizaines d'autobus se suivent et bloquent la route principale qui, naturellement, n'a qu'une voie dans chaque direction. Manuel doit jouer à saute-mouton entre les autobus. Pour quelqu'un du sud, il est relativement prudent. Il n'y a que cinq ou six fois que j'ai retenu mon souffle. Ces autobus transportent les travailleurs vers les mines de métaux qui sont nombreuses dans la région. D'après moi, ils ne sont pas affiliés à la CSN pour commencer de bonne heure de même.

Après une heure, on s'échappe du trafic et on file vers la région de Chivay, à environ 2h30 d'Arequipa. J'avais l'impression de revivre mon voyage en Utah: des hautes montagnes et un sol désertique et aride. La différence est l'altitude. On est toujours au-dessus des 3000m (9500 pieds) et il fait frette. J'avais mentionné que c'est l'hiver ici? Bien que le Pérou est près de l'équateur, altitude + hiver = froid. Les vitres givraient presque et Manuel a dû partir le dégivreur avant et ouvrir les fenêtres. C'est là qu'on a remarqué le froid. 2 degrés!! On a même vu de la neige!

Marcos, notre guide, parle un français impeccable. Il nous explique qu'il a fait ses études dans une école francophone. Il nous explique d'abord l'itinéraire de la journée. Il nous explique ensuite pleins de faits divers sur la région, son pays et son histoire. J'aime bien quand un guide prend le temps de donner une saveur locale à un pays.

Notre premier arrêt est à la croix du condor. Cet endroit est quelques kilomètres passé Chivay et un des meilleurs endroits au pays pour voir... vous l'avez deviné... des condors. Ces immenses oiseaux de 25 kilos et des ailes de 3m sont impressionnants et majestueux. Ils sont aussi la raison pourquoi on a quitté Arequipa à 5h00 le matin. Ces oiseaux discrets (en fait, il semble qu'il n'en reste que 40 dans la région) se lèvent tôt et commencent à chercher le nouvelle couvée de mortalité (ils sont charognards) vers 8h30 le matin. On arrive à 8h32. Il est hot, Marcos.

On a donc eu la chance de voir plusieurs de ces oiseaux volet au-dessus de nos têtes à travers une toile de fond à couper le souffle.

Puis, on a pris le temps de prendre un petit déjeuner local servi sur le bord de la route. Marcos a commandé pour nous. On avait un bol avec un peu de viande, du riz, des patates et une pincée de coriandre. Je ne sais pas si c'est parce que nous étions debout depuis 3h30 avec seulement deux barres tendres dans l'estomac, mais c'était vraiment vraiment bon. On a aussi pris une tisane de feuilles de coca, un remède miracle ici pour le mal des hauteurs. L'endroit se trouve à 12000 pieds. Disons que la patate se fait aller quand tu montes des marches à cette hauteur. Vaut donc mieux prévenir que guérir: une tisane de coca comme les locaux.

On remonte dans la voiture pour se rendre à Cabanaconde où débute notre randonnée dans le canyon Colca. Il s'agit du plus haut canyon du monde (plus haut que le Grand Canyon). Il est cependant dans sa phase juvénile et ses parois sont très rapprochées. Il est donc visuellement beaucoup moins impressionnant que le Grand Canyon, mais il est beaucoup plus haut.

Dès le début de la piste, deux chiens se joignent à nous. Dans les petits villages du Pérou, il y a beaucoup de chiens errants. Ils ne sont pas méchants. Ils sont tellement maigres qu'ils sont trop faibles pour être méchants. Sauf pour les voitures, quand une passe dans les rues des villes, il y a trois ou quatre chiens qui jappent et partent après. C'est vraiment drôle.

Anyway, ces deux chiens semblent nous avoir adopté et ils ont décidé de nous suivre jusqu'à notre destination. Je les nommés affectueusement "moppe" (celui en noir et blanc) et "vadrouille". Vous devinez pourquoi.

Le sentier débuté calmement, mais ça me prend une vingtaine de minutes pour prendre le rythme avec cette altitude. Le premier kilomètre nous amène au haut de canyon. Devant nous, un autre quatre kilomètres de sentier pour descendre un peu plus de 1000m (3000 pieds). Pour le mettre en perspective, 3000 pieds c'est 300 étages. C'est ce que nous devons franchir pour se rendre à notre objectif, un endroit surnommé "L'Oasis" qui se trouver tout en bas du canyon.

Le sentier est selon moi quelque part entre intermédiaire et difficile. Il est bien balisé, mais le chemin est de sable glissant, de petits cailloux qui roulent en dessous des souliers et des "marches" de pierre souvent plus haute de 50cm. La dénivellation est de plus de 20%. Tu descends toujours. Ça devient rapidement difficile pour les articulations (genoux, chevilles) et vers la fin, les quads commencent à chauffer. Les bâtons de marches sont un must. C'est aussi incroyablement sec. La poussière de roche est omniprésente et laisse un goût pâteux dans la bouche. Le soleil en altitude est très fort et plombe sur la tête comme une masse. J'étais finalement très heureux de m'avoir acheté un chapeau avant de partir, mais si j'ai l'air d'un twit.

Par contre, le paysage est merveilleux. La flore désertique, les parois découpées et les couleurs font oublier la douleur. À chaque deux ou trois tournants du chemin sinueux qui serpente le canyon, on voit la rivière au fond et l'Oasis. Dans toute cette sécheresse, c'est impressionnant de voir cette tâche de verdure et les piscines bleues. Disons que ça motive à continuer.

Après 2h15, on arrive à l'Oasis. L'endroit est charmant et rustique. On dirait un gîte du passant tropical, avec ses palmiers et sa grande piscine alimentée par l'eau de la rivière. Les chambres sont des cabines avec zéro intimité. Quatre murs de pierre, un toit de bambou et un lit. La toilette (il y a en une seule) se trouve sous le bâtiment principal et, naturellement, est à l'autre bout du terrain. Il y a aussi 4 douches à l'eau de rivière que nous avons profité. Une expérience mémorable et pas nécessairement pour les bonnes raisons. Disons le niveau de rusticité est très élevé ici pour moi, Monsieur Hotel4Étoiles. Mais, il s'agit d'expériences qui nous gardent jeunes. D'ailleurs, l'Oasis est bondé de jeunes. Au souper dans le bâtiment principal, c'était les Nations Unies : Français, Américains, Brésiliens, Espagnols et j'ai cru entendre des Norvégiens ou des Suédois. Tous sous les 30 ans.

Marcos nous indique que le départ sera à 5h00 demain matin, pour éviter le soleil plombant. Marcos a toujours eu des bons conseils jusqu'à maintenant, donc un autre matin sans grâce matinée. Cependant, on négocie avec lui 6h00. Ça fait quelques petites nuits qu'on se tape. Aussi, un autre matin où on n'aura pas de repas solide avant 9h00. Ca sera des barres tendres et des fruits demain matin pour la grande montée. Eh oui, ce 1000m de descente d'aujourd'hui, il faut le remonter demain.

Jour 3

4h32, j'ouvre les yeux. Pas de joke, même heure qu'hier. J'entends des bruits de grattement dans notre cube de pierre. Je tâtonne le sol pour trouver ma lampe de poche. Après deux tentatives, je l'accroche et elle se pousse de moi. Je cherche à nouveau, sans oser sortir du lit. Il fait "noir comme dans le cul d'un ours" (comme ma fille dirait) et je ne sais toujours pas ce qui gratte. Finalement, j'attape la lampe de poche et je l'ouvre. Une luciole aurait fait plus de lumière. C'est une lampe de poche qu'on doit crinquer. Chez Canadian Tire, ça semblait une bonne idée d'avoir une lampe de poche qui ne manque jamais de batterie. Dans le noir, à 4h32 de le matin dans le fond du Colca canyon avec un monstre quelque part qui gratte, je me trouvais moins brillant (no pun intended).

Je crinque la lampe de poche une couple de fois et je l'ouvre à nouveau. Je pointe vers le mur, les sacs, les piles de linge (ouais, on n'était pas très ordonné, mais rappelez vous que les meubles de la chambre se limitent à... un lit). Je ne trouve rien. De plus, le bruit a mystérieusement arrêté. Je ferme la lampe de poche et je la place proche du lit. Je ferme les yeux et je tente de me rendormir.

Cric... Cric.

Je reprend la lampe de poche et je l'ouvre en deçà d'une seconde, espérant prendre l'animal en flagrant délit, les mains en l'air sous les rayons puissants de ma lampe de poche. Scan à gauche, scan à droite. Rien.

Je décide de faire un homme de moi et je sors du lit. Je fouille derrière les sacs, sous le linge et même sous le lit. Je trouve cependant la source du bruit. C'est les biscuits que Nath a laissé sortis derrière un sac à dos. Ils ont un emballage métallique qui fait cric-cric quand on le bouge. Par contre, je ne trouve pas qui ou quoi bougeait l'emballage. Perplexe, je range les biscuits dans le sac à dos et je le ferme.

Il est maintenant évident que je ne serai plus capable de me rendormir. Je décide donc de faire la randonnée vers la toilette. Je mets un chandail chaud et des souliers et lampe de poche à la main, je quitte l'habitatiòn en m'efforcant de faire le moins de bruit possible pour ne réveiller personne.

À l'extérieur, je vois des faisceaux de lampe de poche partout. Il semble que notre guide n'était pas le seul qui voulait partir à 5h00 le matin. Mais, quand je lève la tête, je m'arrête, bouche bée. Le ciel est tapissé d'étoiles. Je me crois au planétarium. Mais le plus étrange, c'est qu'on dirait que je suis sur une autre planète. Ce ciel m'est complètement inconnu. Les constellations sont complètement différentes dans l'hémisphère sud. Ca me prends quelques minutes pour finalement trouver quelque chose que je connais, tout à l'horizon au nord-est, je retrouve Orion, mais sur le côté. Je remarque aussi des lumières qui bougent sur le flanc du canyon. Ce sont des randonneurs qui sont partis plus tôt et qui éclairent leur chemin avec leur lampes de poche, tels des étoiles qui montent vers le ciel.

Mon envie pipi me rappelle que je pourrai regarder les étoiles plus tard. Une fois les besoins essentiels réglés, je me trouve un endroit plus isolé, à l'écart des lampes de poches et j'observe le ciel. Après quelques minutes, je vois trois étoiles filantes, dont une est une boule de feu qui laisse une longue traînée. On commence le temps des Perséides et bien qu'elles sont difficiles à voir si au sud, on peut quand même être chanceux.

De retour à la chambre, je lis un peu pour finalement me rendre à 5h30 et avoir une excuse pour réveiller Nathalie. On se prépare rapidement et à 6h10, on se lance dans l'ascension.

Finalement, après avoir analyser mon Endomondo, j'ai vu que le sentier a 3km. Les deux autres kilomètres sont pour le trajet entre le sentier et la ville en haut. Donc, on parle de 1000m à monter sur 3000m; le chemin à en moyenne 30 degrés de dénivellation. C'est vraiment comme monter un escalier de 300 étages, avec un peu moins d'oxygène.

En partant si tôt, nous évitons le soleil pendant environ 1h30. De plus, comme nous sommes partis du fond du canyon, à 7000 pieds, l'altitude n'est pas vraiment un facteur. Nous sommes donc capable de faire la première moitié du sentier assez rapidement (1h00). Le soleil commence alors à se pointer au dessus du canyon et ses rayons nous réchauffent. Il offre aussi un spectacle impressionnant.

La deuxième moitié est un peu plus difficile. Les jambes sont fatiguées de monter ses gros cailloux (exigeant souvent de lever le genou plus haut que la hanche) et l'air est moins dense. Le cœur peine à compenser et on doit faire plus de pauses. Nath et moi entendons de loin notre coach Jérémie nous dire: "allez, 10 secondes de pause et on repart. 10 secondes". Disons que le tout n'est pas rendu facile avec un sac de 35 livres sur le dos (20 livres certain pour Nath).

Cependant, petit train va loin et avec un rythme lent mais constant, on arrive en haut du sentier en 2h30. Presque le même temps que la descente. Marcos, notre guide était fier de nous. Normalement, les gens prennent environ deux fois plus de temps pour la montée que pour la descente. Dans notre cas, c'était le même temps. Nous étions plus lent pour descendre à cause des vieilles pentures (l'âge). Pour la montée, c'était du cardio et des jambes et on est pas pire dans ce département.

Sur le chemin vers la ville. Marcos nous explique qu'il fait du back squat pour s'entraîner et on parle d'haltérophilie avec lui pendant 20 minutes.

Une fois finalement de retour à la voiture (hourah!), je m'arrête prendre un Inca Cola bien froid. C'est une boisson péruvienne dorée, similaire au crème soda. C'est très rafraîchissant et sucré. On n'a que deux fruits et une barre tendre dans le corps, on a donc monté sur les réserves de la veille. Ils ne servaient pas le petit déjeuner à l'oasis. Une shot de sucre était bienvenue.

Manuel (le chauffeur) est de retour et il nous ramène à la croix du condor pour déjeuner. On prends à nouveau un petit déjeuner local. Aujourd'hui: riz au basilic, pommes de terres, spaghetti et une micro quantité d'une viande inconnue. C'est excellent à nouveau.

La bouffe réglée, on se lance dans le rallye des points d'observations. En chemin, Marcos nous raconte une anecdote quand il a oublié son portefeuille à l'Oasis et qu'il a du redescendre puis remonter la même journée (ouf!), puis il lance : "ah en passant, vous n'avez pas vue d'araignées ou de scorpions dans votre chambre?".

Cric... Cric...

On lui répond que non. Il ajoute : "ah ok. C'est bien. Je ne voulais pas vous faire peur hier, mais ça arrive à l'occasion qu'il y en aille à l'Oasis. D'ailleurs, une fois j'ai trouvé un petit scorpion dans mon sac quand je suis rentré chez moi".

Vous pouvez imaginer qu'on a vidé nos sac à dos avec beaucoup de doigté plus tard.

Pour les points d'observation, les photos parlent d'elles-mêmes.

Puis, nous nous sommes rendus à Chivay pour visite une petit église et essayer un jus de fruit de cactus (c'était très bon).

Ensuite, nous sommes allés dans les piscines thermales de la ville. 45 minutes dans une piscine à 38 degrés, c'était divin après la montée du matin.

Finalement, nous avons pris le lunch dans un petit resto de Chivay. Marcos nous explique que les 11 restaurants du village sont passé d'un mode "à la carte" vers le mode "Buffet" il y a quelques années. Un premier a converti et les autres ont suivis. C'est plus simple pour les bus touristiques. Celui où nous sommes allés ne fait pas exception. Par contre, Marcos dit que selon lui, c'est le meilleur. Particulièrement pour son ceviche, une spécialité péruvienne. Il avait raison.

À 14h00, c'est le moment de dire au revoir à Marcos. Manuel vient nous déposer à l'hotel. On va le revoir à 8h00 demain pour notre transfert vers Puno. On a donc le reste de la journée de libre, quoique nous sommes dans un bel hotel dans le milieu de nulle part. Donc, ça se limitera à du relax et possiblement des siestes.

Chose intéressante, notre hotel à un observatoire astronomique (oui un vrai!). Je vous raconte ça demain.

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