Eh oui, encore partis! Nous avons lancé notre roadtrip américain ce matin qui nous fera visiter les canyons de l'Utah, une escale dans la ville du vice (Las Vegas), une randonnée du désert pour terminer avec quelques jours avec les étoiles de Hollywood.
Nous sommes arrivés à Las Vegas hier soir et passé la nuit. Ce matin, nous avons récupéré notre voiture pour nous lancer vers Zyon Canyon, dans l'état du Utah.
Les américains ont une expression qui dit que "getting there is half the fun", ce qui signifie que parfois, le déplacement est aussi important que la destination. Dans le cas de cette traversée, c'est exactement le cas.
Las Vegas est une ville montée de toute pièce en plein milieu d'un désert. Or, lorsque vous quittez ses grands boulevards et embarquez sur l'autoroute 15 nord (rien à voir avec la nôtre), le désert reprend son royaume. La bande d'asphalte défile à l'infini devant nous et de part et d'autre de la voiture, des pierres, du sable et quelques buissons courageux. Au loin, des montagnes de rocs, dénudées, peintes en couches successives de couleurs terreuses : gris, beige, blanc, ocre, rouille. Le ciel déséché de toute humidité est d'un bleu parfait. Les fenêtres ouvertes, l'air chauffé par le soleil de plomb fait compétition à la climatisation de la voiture qui peine à fournir. Ce soleil est en fait si puissant qu'en quinze minutes, Nathalie a commencé à prendre un coup de soleil... sur le siège passager!
Je croyais qu'ils exagéraient dans les films, mais non, quand vous traversez ses déserts, les seuls humains sont dans des voitures. Il n'y a aucun village, aucune maison.
Puis, après une heure, en s'approchant des montagnes, le vert reprend la main. Quelque part, de l'eau a dû échapper au soleil et nourrir des brindilles d'herbe. Soudain, le sol adobe laisse place à la vie. Puis, une bourrasque de vent pénètre dans la voiture et laisse un arôme nouveau. Un mélange de vinaigre, de fraicheur, d'humidité et d'un peu de moisissure. Etrangement, cette odeur est agréable et je réalise que c'est l'odeur du désert que je sens!
Plus on s'approche des montagnes, plus nous sommes perplexes. La route ne semble ni aller à gauche, ni aller à droite à l'horizon. Est-ce qu'un tunnel nous attends devant pour traverser cette impasse?
À peine un kilomètre avant, on réalise que la route s'est taillée un chermin à travers le roc, comme si un ingénieur astucieux avait pris un scalpel pour découper tout juste assez de roc pour laisser passer sa longue bande noire lignée jaune.
Le spectacle pendant cette traversée est inoubliable. Des falaises complètement verticales, stratifiées de rouge, orange et beige, s'élèvent à nos côté, nous enveloppant de pierre. Les photos prises en voiture n'ont malheureusement pas bien fini. Vous allez donc devoir venir voir par vous-même :)
Après quatre heures de route, nous sommes finalement arrivés à Springdale, où se trouve notre B&B. Nous nous y sommes arrêtés pour déposer nos valises et nous avons quitté aussi tôt pour profiter de l'après midi et faire une première randonnée dans Zyon Canyon.
Nous avons opté pour la Emerald pool trail. La piste est relativement courte (environ 5km) et nous amène voir des bassins et des chutes. Je ne peux pas résister à une trail avec une chute.
La première partie, par la Grotto trail, nous fait grimper sur le flanc du canyon. Le sentier est bien baliser et facile d'accès. Il est surtout très plein de touristes. Cependant, la splendeur de l'endroit nous fait oublié que nous sommes plusieurs à le partager.
Le sentier nous fait passer par trois bassins (lower, middle et upper Emerald pool). Les bassins sont effectivement un peu verdâtre. Cette teinte est causée par une algue qui vit à cet endroit. Honnêtement, les bassins n'étaient pas vraiment impressionnants. J'ai pu néanmoins croquer une belle photo lorsque les touristes étaient mystérieusement absents et que le vent est tombé, pour laisser le bassin miroiter le paysage:
Au lower pool, il y avait un court d'eau qui se jetait dans le vide, comme si la nature s'était trompée et envoyait ce ruisseau vers sa mort. On pouvait apprécier l'ampleur de l'endroit lorsque j'ai demandé à Nathalie d'aller en dessous (elle porte le chandail rouge):
Finalement, l'ensemble du sentier a duré environ deux heures. Nous avions encore de l'énergie et nous avons décidé de prendre un autre sentier avant de se rendre au shuttle (le parc a un service de shuttle pour voyager du stationnement vers les différents endroits d'intérêts). Il s'agissait du même sentier que les randonnées de chevaux prennent. Or, le défi principal fut d'éviter les booses et les pipi très odorifiques.
Cependant, c'est aussi l'endroit que nous avons rencontré un peu de la faune du parc. Sur la brochure officielle, ils mentionnent une dizaines d'animaux. Il y avait entre autre un mountain lion (lion des montagnes), mais heureusement, on n'en a pas vu.
On a cependant trouvé une tarentule monstrueuse:
et un élan (ou wapiti?):
D'ailleurs, cette rencontre fut presque troublante. En les voyant au loin, j'étais certain que la mère et son petit étaient pour fuir aussitôt qu'ils nous verraient. La maman a levé la tête, m'a regardé un instant, puis est retournée à son broutage. Nous nous sommes donc approchés et approchés. La maman nous lance un coup d'oeil à l'occasion, mais ne semble pas perturbée. Puis, à quelques mètres, le petit semble un peu plus nerveux et décide de sortir du chemin et aller vers la rivière. Cependant, la maman reste là.
On s'approche encore et je suis alors, je vous le jure, à trois mètres de la bête. Nous ne sommes pas au zoo de Granby ici. Normalement, les bêtes sauvages fuient les humains. Or cette grande bête, aussi haute de moi, tourne la tête et me regarde avec ses yeux noirs et ses immenses oreilles de lapin.
Je la regarde. Elle me regarde. Je la regarde. Elle me regarde. Un bon dix secondes. J'arrivais au point ou je devais l'inviter pour un verre.
Sérieux, je commence à me demander si elle sent que son petit est en danger. Un gros animal comme ça qui décident de me charger, ça va surement laisser quelques échymoses. Je jette un coup d'oeil à sa droite et je vois qu'on n'a pas de place pour la contourner.
Je décide de faire de la psychologie animale. Je baisse la tête et je me tourne vers ma droite, comme si j'allais lui tourner le dos.
La bête comprends le signe et décide d'aller rejoindre son petit.
Ouf!
N'est-ce pas merveilleux la nature!
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