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Roadtrip USA 2014- Gravir les falaises de Zion

Après un petit déjeuner maison de notre aubergiste Nida, nous sommes retournés au parc national de Zion pour entreprendre notre randonnée principale. Nous avions un plan A et un plan B.

Le plan A était le sentier "The Narrows". Cette randonnée nous fait remonter la rivière Virgin, qui a taillé le canyon au cours des millions d'années, jusqu'à ce que les parois du canyon s'approchent à une dizaine de mètres, encandrant la rivière comme une fissure dans la terre. Le sentier consiste à remonter la rivière (souvent les pieds dans l'eau). Les parois sont arrondies et sculptées, laissant un spectacle incroyable.

Malheureusement, à l'entrée du sentier, un avis de "flash flood" (inondations instantanées) était émis. Cet étroit passage concentre les eaux de pluies et crée des situations où en quelques minutes (voir même secondes), un mur de 12 pieds d'eau traverse le canyon et emporte tout sur son passage, tel un tsunami.

Nous avons donc opté pour la prudence et rebroussé chemin pour entreprendre notre plan B: le sentier de "observation point".

Celui-ci débute par une ascension continue de 1000 pieds sur un chemin qui serpente le flanc de la falaise. Les employés du parc ont recouvert le sentier d'une couverture de ciment, tel un trottoir. La qualité est cependant bien inégale: par endroit, c'est un trottoir parfait, par d'autres, c'est un amoncellement de pierres cassées par l'eau et le temps. Le chemin est assez large pour un peu plus d'une personne, mais n'est pas vraiment balisé. À plusieurs endroits, on regarde à sa gauche et on voit un dénivellé vertical de plusieurs dizaines de mètres.

La vue devient de plus en plus impressionnante à mesure que l'on monte. Ce n'est qu'à ce niveau que l'on est en mesure de constater la splendeur du canyon.

Après environ une heure, on arrive finalement au dessus de la falaise. À partir de là, on s'enfonce dans le "Echo Canyon". Ce petit canyon permet de passer de la vallée principale d'où nous venons, vers l'arrière de la falaise pour aller rejoindre un deuxième sentier qui va nous mener à Observation Point, un des points les plus hauts du canyon.

Echo Canyon est taillé par un canal d'eau pluviale et termine son chemin vers le Weeping Rock Waterfall, qui doit être près de 500 pieds de haut. Par contre, étant donné que nous sommes dans une période relativement sèche, le canal fluviale est desséché et la chute brille par son absence. Ceci nous permet donc de facilement traverser ce canyon et prendre quelques clichés impressionnants:

Ce passage nous permet de prendre une pause, car le sentier est relativement plat. Après mille pieds d'ascension, les jambes commencent à chauffer. Mais, cette pause est de courte durée.

Finalement à l'arrière du canyon, nous reprenons notre montée. Lorsque nous étions dans la vallée, nous étions à l'ombre. Par contre, à l'arrière du canyon, le soleil du désert plombe. Ainsi, le deuxième 1000 pieds a été passé en plein soleil et sous une chaleur intense. Les pauses étaient fréquentes et l'eau de nos gourdes coulait à flots.

Après près de 2h30, nous sommes finalement arrivés au sommet sur le plateau: Observation Point. La vue est spectaculaire. Nous sommes en mesure de voir l'ensemble du canyon et la ville plus loin. Nous avons aussi vu le sentier à l'intérieur de la vallée qui nous a mené ici. Dans la deuxième photo, si vous regardez au centre, vous allez voir le sentier serpenté à travers la verdure. C'était le sentier de départ!

Nous avons pris une pause pour le lunch et admiré le paysage. À la blague, j'ai demandé à un autre touriste qui avait l'air aussi fatigué que nous à quelle heure l'hélicoptère venait nous chercher. Disons que le 7km à faire pour redescendre ne m'inspirait pas vraiment. Nous étions vraiment à bout. Si j'avais su les péripéties du retour, je ne me serais pas plaint.

Puis, du tonnerre. On lève la tête et on voit à notre gauche un gros nuage de pluie qui s'approche de Zion. Il semble que la sécheresse tire à sa fin:

Ce fut la dernière photo pour les deux prochaines heures.

Je dis a Nath qu'on ferait mieux de quitter et tenter de passer la première partie du sentier avant qu'il ne vire en glissade avec la pluie. Il était très étroit, couvert de sable fin et offrait aucune protection vers une chute impressionnante.

On reprend nos sacs et rebroussons chemin. Rapidement, des gouttes commencent à tomber et le tonnerre se fait plus insistant. On avance le plus rapidement possible, en gardant une cadence quand même prudente.

Les gouttes se font plus insistantes. On décide de sortir nos imperméables.

Après environ 20 minutes, on passe la partie plus sablonneuse qui m'inquiétait le plus, mais il reste quand même un bon 40 minutes avant de rejoindre Echo Canyon. Le vent se lève et des bourrasques commencent à nous pousser. Disons que sur un chemin étroit, la dernière chose que tu veux est une bourrasque de vent qui te surprend.

Soudain, un éclair fend le ciel de haut en bas droit devant nous, entre les deux parois du canyon. Je m'arrête. Je dis à Nath qu'il serait peut-être préférable de serrer nos bâtons de marche. Ils sont en métal et je me dis que éclair + bâton de métal n'est pas une bonne combinaison.

Les bâtons rangés, nous nous apprêtons à reprendre notre chemin lorsque la pluie commence à tomber pour vrai. Je me tourne et je réalise que nous sommes devant un trou dans la falaise qui est parfait pour nous cacher du vent et d'une partie de la pluie.

Je dis alors à Nath qu'on serait peut-être mieux d'attendre que ça passe. On se blottit alors dans la crevasse et on s'assoie sur une grosse pierre, notre sac à dos entre les jambes, la tête penchée vers nos bras et on attends.

C'est alors que la nature se déchaine.

D'abord, les éclairs qui déferlent comme des flash de paparazzi, accompagnés de coups de tonnerre si intense que la pierre en tremble. On peut à peine compter une seconde entre la lumière et le son. À chaque coup, on sursaute comme si le ciel nous fouaitait par son grondement.

En petite boule sur notre roche, comme des mendiants, je remarque que le sentier devant nous se transforme en rivière. Je tourne la tête en amont et je vois que les marches du sentiers sont maintenant de minuscules chutes. En quelques minutes, on passe d'un sentier sèche à des chutes et une rivière.

La pluie tombe avec une telle intensité qu'elle me fouette les mains. Ouch! Je regarde au sol et je réalise que ce n'est pas de la pluie, c'est de la grêle! Des billes de gros sel qui tombe du ciel et commence à recouvrir le sol de blanc.

Je me tourne à ma droite et je réalise que je vois même plus l'autre côté du canyon. Je commence à m'inquiéter. Combien de temps seront nous coincés sur ce sentier.

À l'horizon, une tranche de bleu fait son apparaition. Les nuages avancent. Le tonnerre diminue. La paroi opposé du canyon finit par réapparaître. Puis, en quelques secondes, la pluie arrête.

Prudemment, on attend. Les chutes sur les marches s'estompent et, après quelques minutes, la rivière sur le sentier s'éteint.

Les pieds détrempés et les mains gelées, on se relève. On reprends notre chemin.

Bien que le sentier est mouillé, il n'est pas vraiment glissant. Après une quinzaine de minutes, lorsqu'on est pas mal certain que les éclairs sont partis pour de bon, on ressort nos bâtons de marche et on reprend de la vitesse.

Puis, on arrive à Echo Canyon. Vous vous souvenez ce canyon desséché? Et bien, il est pas mal mouillé maintenant. C'est un torrent!

La photo est malheureusement floue, mais vous voyez le rapide au centre qui tourne vers la droite? Ça, c'est notre sentier et c'est la seule façon de sortir du canyon. Nous sommes pris.

On s'assoie et on attend encore. Tranquillement, nous sommes rejoints par d'autres randonneurs qui arrivent avec la même expression: un sourire de dépit et des yeux découragés.

Rapidement, on se trouve une vingtaine à attendre lorsqu'un courageux arrive. Il descent au pied du torrent et entre dans rivière. Il se trouve une grosse branche d'arbre comme bâton et disparaît dans le tournant.

Les gens autour sourient de sa témérité, mais nous espérons tous que ça fonctionne. Nous n'avons aucune idée quand cette rivière va disparaître.

Après cinq minutes, il revient et nous lance : "ce n'est pas si pire que ça". Je me lève et réalise qu'on va devoir se mouiller.

On descend alors le chemin et on s'enfonce dans la nouvelle rivière. L'eau est GLACÉE. De l'eau de pluie jumelée à de la grêle, ça fait de l'eau très froide, croyez moi. En plus, la rivière est quand même assez profonde, de deux presque trois pieds par endroit.

Heureusement, la marche dans l'eau est relativement courte: à peine 200m. Mais, 200m dans l'eau glacée, le fond inégal, pleins de roches glissantes, des trous qui nous surprennent et la peur constante de perdre pieds et se faire emporter par le courant.... 200m c'est aussi long.

Le groupe réussit à traverser. Notre téméraire éclaireur reste dans l'eau et aide les gens moins habiles à traverser la dernière partie plus profonde. Un esprit d'entraide.

On réussit finalement à rejoindre le sentier principal et descendre la vallée vers l'entrée. En marchant, on suit longtemps cette nouvelle rivière qui gronde sous le courant intense. On se demande: où diable va toute c'est eau?

Ce n'est qu'à mi-chemin dans la vallée que l'on voit où elle va.

Le Weeping Rock Waterfall est de retour.

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